‘‘Chaudrons ; interférences joyeuses’’

une exposition en mouvement d’ISA BORDAT

au musée de Bibracte
du 17 mai au 31 août 2007

Le 11 juin : avec la complicité de sept chefs cuisiniers de Bourgogne
Patrick Bertron, Roland Chanliaud, Jean-Michel Couron,
Jean-Pierre Gillot, Marc Meneau, Francis Salamolard, David Zuddas

A travers cette exposition Isa Bordat propose une œuvre mouvante. Elle créée une mise en scène pour rendre visible le concept de transformation. Isa Bordat fait appel à trois acteurs majeurs de la transformation : les relations humaines, le temps qui passe et leur expression dans la matière. L’objet, porteur de cette transformation, objet symbolique façonné par Isa Bordat est un chaudron en céramique décliné dans des formes multiples, avec des terres différentes et spécifiques, chaudron qui subit une première transformation violente lors de sa cuisson initiale à 1300°.
Cette exposition se déroule en trois temps bien distincts, d’abord une installation de totems en porcelaine, annonciatrice des événements à venir, puis une performance avec sept chefs cuisiniers et enfin une troisième partie, mise en scène des deux premières parties, à savoir l’exposition des vestiges culinaires accompagnés de leur totem.
(lire description plus détaillée ci-dessous)
Ce travail, conçu comme un dispositif qui se transforme, s’amuse avec des oppositions : vital/superflu ; privé/public ; artificiel/naturel ; raffiné/brut ; dedans/dehors ; circonscrit/illimité ; disparition/apparition ; singulier/pluriel ; longtemps/un instant ; apparence/essence ; scientifique/poétique.

Interférences

- un travail d’échange au niveau de la création entre une plasticienne et des chefs cuisiniers. Isa Bordat propose trois types de chaudrons, un qui se referme, un ouvert et assez plat, un haut et étroit. Ses chaudrons en grès ou en faïence sont le contraire de quelques ustensiles efficaces et facilement contrôlables, ils ont une âme. Les conditions de cuisine sont aussi le contraire de l’efficacité : une cuisine sophistiquée réalisée dans des conditions primitives. La cuisson se fera sur la braise.

-un dialogue entre un Musée d’archéologie et une création en art contemporain. D’une part, les chaudrons en grès, en porcelaine et en faïence produits par Isa Bordat ont un lien immédiat avec la céramique utilisée par les Celtes. D’autre part, l’œuvre, telle qu’elle est conçue dans sa globalité, s’inscrit dans une dimension temporelle active. Une transformation de la proposition de départ s’opère avec modération pour les totems (premier temps), dans l’intempérance pour les chaudrons de cuisine (deuxième temps) et se voile de nostalgie pour les reliefs du repas (troisième temps). Ce mouvement n’est pas sans rapport avec l’archéologie : imaginer ce qui s’est passé à travers les vestiges exposés

-une expérience de collaboration inhabituelle entre un Musée d’archéologie et l’univers de la grande cuisine. Les cuisiniers sont invités à sortir de leur laboratoire de cuisine efficace et fonctionnel pour s’installer dans une architecture contemporaine austère et muséale. Le temps d’une journée le Musée va devenir un haut lieu de convivialité. Le lien avec une cuisine ancestrale et la cuisine actuelle sera tangible. L’imprégnation subtile d’une possible cuisine gauloise va se glisser dans les mets créés par les chefs cuisiniers.

-l’occasion d’une réflexion entre les cuisiniers sur la conception culinaire d’un tel événement pour permettre une réalisation singulière et collective.

-la rencontre entre les visiteurs, le lieu, les cuisiniers et l’œuvre de l’artiste à travers les trois temps de l’exposition avec une participation du public au moment de la réalisation des mets.

Les trois temps  de l’exposition

1ère partie (17 mai/10 juin)
les petites cours dans l’enceinte du musée accueillent des totems (empilements de chaudrons en porcelaine) debout sur leurs socles. Ces totems sont des sentinelles silencieuses qui brillent au soleil, les gardiens des lieux, costumes blancs dans la nuit, garants de ce qui va advenir. Présence énigmatique à l’orée de la forêt, ces icônes lavées par la pluie préparent la suite. Les totems sont une analogie des chefs cuisiniers. Ils sont là pour rappeler le temps nécessaire à toute réalisation, une évocation incompréhensible de ce qui se trame à l’abri des regards.

2ème partie (11 juin)
un événement transformateur de cette première installation.
Les chefs cuisiniers attendus font disparaître les totems, les cours deviennent les laboratoires primitifs des cuisiniers, les socles changent de fonction, ils sont comptoirs de travail et foyer. Dans des chaudrons en céramique créés tout exprès, sur la braise, les cuisiniers font rôtir, griller, bouillir, mijoter, rissoler voir brûler.

3ème partie (12 juin/31 août)
après, très vite, une nouvelle installation se prépare. Elle se construit à partir des totems, des chaudrons et des vestiges culinaires. Des décisions rapides et des aménagements s’imposent. Des surprises sont là à nous attendre car nul ne sait vraiment quels seront les restes retravaillés, les traces offertes au regard des visiteurs dans les cours.

Les cuisiniers 

Patrick Bertron, « Relais Bernard Loiseau » à Saulieu
Roland Chanliaud, « Le jardin des remparts » à Beaune
Jean-Michel Couron, « Restaurant Jean-Michel Couron » à Nevers
Jean-Pierre Gillot, « Moulin de Martorey » à Saint-Rémy
Marc Meneau, « L’espérance » à Saint-Père
Francis Salamolard,  « L’auberge de l’Atre » à Quarré-les-Tombes
David Zuddas, « Auberge de la Charme » à Prenois

Lundi 11 juin 

Le Musée ouvre ses portes à ses heures habituelles, pour tous, un jour comme les autres. La veille, les totems en porcelaine ont été enlevés des cours et installés ailleurs dans le Musée. Les cuisiniers arrivent, certains sont déjà là. Chacun dans son alvéole, les chefs se mettent en cuisine. Les visiteurs peuvent regarder le tout début de l’événement et suivre au long de la journée l’élaboration des mets. La dégustation s’échelonne dans l’après-midi selon le temps de préparation et de cuisson des plats qui sont proposés à goûter par les cuisiniers (ou des aides) dans des récipients de petites dimensions (cuillères, coupelles, petits bols, planches en bois, piques). Ni protocolaire, ni sophistiquée, cette dégustation reste dans l’esprit de l’événement axé sur les interférences crées entre les chaudrons, les cuisiniers et le public. Elle peut ressembler à ce qui se passe dans la cuisine d’une famille où les enfants goûtent de temps en temps le mets qui se prépare. De même, la quantité cuisinée est en fonction de la taille des chaudrons. Il est possible qu’une partie du public ne puisse goûter les mets.
L’événement se termine quand il n’y a plus de cuisine, de cuisiniers, de visiteurs, à la fermeture du Musée.
Déjà, les reliefs du repas affleurent dans chaque alvéole.

Fiche technique des chaudrons :
-la nature d’une céramique est de fendre un jour ou l’autre
-les chaudrons peuvent se fendre et ne pas fuir
-ils vont se fendre et peut-être fuir
-s’ils ont une fuite, on peut les culotter avec du lait ou du blanc d’œuf, la caséine et l’albumine referment la terre
-il est préférable de tremper les faïences dans l’eau avant utilisation, les grès n’en ont pas besoin
-on peut mettre le chaudron à l’envers sur le feu pour l’enfumer, le parfumer avec des essences de bois différents.
-on peut les poser sur un diffuseur de chaleur, surtout les chaudrons en grès
-ils vont au four sans problème
-on peut commencer la cuisson doucement, comme dans un four, voir tiédir le chaudron avant de le mettre sur la flamme
-il est préférable de ne pas jouer avec des chocs thermiques ni en début de cuisson, ni à vide, ni en milieu de cuisson
-on peut faire rissoler tranquillement des aliments mais il n’est vraiment pas conseiller de chauffer au maximum le fond du chaudron afin de saisir un aliment sans que la partie haute du chaudron soit chaude
-plus le volume du chaudron est important plus les aliments ou les liquides sont les éléments qui homogénisent la température de la faïence sur l’ensemble du chaudron, surtout pour les chaudrons ayant une grande hauteur
-une fois la cuisson finie, les chaudrons peuvent brûler les dessous de plats en liège
-ils mettent quelques jours à sécher après avoir été lavés, les ranger le fond à l’air (à l’envers)
-les chaudrons ne sont pas émaillés, ils gardent les odeurs, celles-ci ne donnent pas forcement un goût
-ils ont des noms tel chaudron Champagne ; chaudron Patate Sautée ; chaudron Poivron ; chaudron Confiture de Crépinette ; chaudron Vasque ; chaudron Poisson ; chaudron Barge ; chaudron Beignet ; chaudron Petite Volaille ; chaudron Pièce Mécanique ; chaudron Œuf ; chaudron Coquillage ; chaudron Raisin Grillé

Composition des affiches d’information installées sur les vitres des alvéoles :
-un portrait photographique du cuisinier, son nom et le nom de son restaurant
-un court commentaire de chaque cuisinier à propos de l’événement
-un haïku sur chacun des cuisiniers
-les noms et les croquis de tous les chaudrons utilisés par les cuisiniers à savoir 28 pièces.

Composition des alvéoles :
-un foyer fait en béton cellulaire brut de 2,48 m², des petits blocs amovibles en béton cellulaire tiendront les chaudrons au dessus des braises
-chaque foyer dispose d’une plaque en faïence pour cuire des galettes ou autres
-le cuisinier organise son espace de feu en fonction des chaudrons qu’il a choisis, de sa façon de travailler, s’il est gaucher, s’il souhaite une vue sur la forêt ou sur le Musée
-un plan de travail d’environ 2 m² recouvert d’une toile cirée
-une planche à découper
-une cinquantaine de petites coupelles pour permettre de faire goûter
-un point d’eau
-une protection en cas de pluie
-une poubelle